Rencontrez André Zewen qui nous partage, à travers la visite de son exploitation de noix, sa vision de l’agriculture en harmonie avec la nature qu’il mène depuis 42 ans. Si cette année a été particulièrement éprouvante avec des récoltes divisées par deux, André reste fidèle à ses convictions : produire bio et de qualité tout en préservant la biodiversité.
S’adapter avec une agriculture résiliente face aux aléas climatiques
Le canton de Vianden est historiquement une terre propice à l’exploitation de noix. Cette tradition remonte à 1934 quand le marché aux noix a été organisé pour la première fois et qui est devenu le plus grand rendez-vous annuel des producteurs. C’est aussi ici, plus précisément à Fouhren, que se trouve la petite exploitation de noix de André Zewen dont les produits se vendent à l’épicerie de la MESA.
Cette année, André nous confie que les récoltes de noix dans le canton n’ont atteint que 10 % des volumes habituels. Il a personnellement récolté 6 tonnes au lieu de 10 tonnes les années précédentes. Après un hiver trop humide, le gel printanier a décimé les bourgeons, et les étés secs des années précédentes ont affaibli les arbres. « Nous vivons une période de transition. Certaines variétés résistent mieux que d’autres, mais il faut apprendre à les accompagner. »
En outre, les défis s’accumulent, mais André s’efforce de créer une exploitation diversifiée et résiliente. La récolte des noix, échelonnée sur plusieurs parcelles, limite les pertes en cas d’événements climatiques extrêmes. Cependant, il constate que le changement climatique rend la tâche de plus en plus complexe. « Au début dans les années 82, quand j’ai commencé, les variétés choisies étaient adaptées à notre climat. Aujourd’hui, les températures augmentent et bouleversent l’équilibre. On doit observer et s’adapter. » Néanmoins, après cette année, André ne baisse pas les bras. « Il y a toujours eu des bonnes et des mauvaises années, mais ce qui se passe aujourd’hui est différent. La nature change, et nous devons changer avec elle. »
Le bio, un choix logique et engagé
Sur ses 23 hectares, qui abritent 1150 noyers plantés par André lui-même, il refuse les traitements chimiques, y compris le cuivre, pourtant autorisé en agriculture biologique. Cette exigence provient d’une réflexion globale : protéger son troupeau de moutons, préserver la qualité des sols, et offrir des produits sains. Le tri manuel, bien que laborieux, garantit une noix de haute qualité, transformée en une huile naturelle, très prisée par les particuliers et les grossistes bio.
Pour André, le bio n’est pas une stratégie commerciale, mais une évidence.
« Le bio, ce n’est pas une idéologie. C’est avoir compris comment fonctionne la vie. À mon avis toute notre économie repose sur la nature : si on la casse, on casse tout. Au contraire, entretenir la nature, c’est « investir » dans l’avenir. ». Produire bio, pour lui, c’est avant tout une question de respect et de compréhension du vivant. « On pourrait produire plus avec des fertilisants chimiques ou de l’irrigation, mais à quel prix ? Cela affaiblit les arbres et ouvre la porte aux maladies. »
Dans son approche, la nature prime sur le rendement. Chaque étape est pensée pour optimiser l’impact écologique : les noix sont lavées, séchées pendant quatre jours à l’air chaud, puis pressées pour produire une huile de grande qualité. En plus de l’huile, André valorise chaque aspect de la noix. Si la noix fraîche reste peu demandée à cause de sa faible durée de conservation, la noix sèche, en coque, se conserve très bien. L’huile, quant à elle, est plébiscitée pour son goût subtil et ses bienfaits. Avec un processus naturel, les propriétés nutritionnelles du fruit sont préservées. En effet, l’huile de noix est riche en oméga-3 et 6, avec un ratio oméga 6 / oméga 3 quasiment parfait, de l’ordre de 5. L’huile de noix est reconnue comme contribuant à la réduction du mauvais cholestérol.
André Zewen incarne une vision d’agriculture durable, où la quête de productivité n’éclipse pas le respect du vivant. Dans un contexte où le changement climatique fragilise les équilibres, son engagement en faveur du bio et de la biodiversité offre une lueur d’espoir. Face aux vents contraires, ce nuciculteur luxembourgeois reste fidèle à sa mission : transmettre un patrimoine agricole vivant et des produits d’exception. « Cultiver bio, c’est bien plus qu’un choix personnel. C’est une promesse pour les générations futures. »
Les conseils d’André
L’huile de noix est idéale sur une salade de mâche, une salade d’endives ou un chou rouge cru. C’est une huile délicate qui ne doit jamais être chauffée. Les noix sèches doivent être conservées dans un endroit frais et sec, tandis que l’huile doit être placée au frigo et bien refermée après chaque utilisation. Si elle est bien stockée, elle reste consommable pendant un an et demi.
Plus d’informations sur le site d’André Zewen : https://www.zewen.lu