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Esch-sur-Alzette, une ville modèle de transition écologique

Interview avec Meris Sehovic, Échevin de la Ville d’Esch, e.a. en charge de l’environnement et de la mobilité

Comment vous est venu l’intérêt prononcé pour l’écologie ?

Mon premier contact avec l’écologie et le sujet du changement climatique, c’était vers 2008/2009 quand ma mère m’a montré le documentaire américain «An unconvenient truth » de Al Gore (Une vérité qui dérange). Pour beaucoup de gens de ma génération, c’était LE documentaire qui nous a fait comprendre l’envergure et surtout les dangers du dérèglement climatique. Le jour même, et sous le choc de ce réveil brutal, j’ai pris ma carte de membre à déi Gréng, et je m’engage depuis pour le bien de notre planète.

La seconde édition du Forum citoyen pour le climat aura lieu en mai, événement unique où les citoyen.ne.s peuvent échanger avec différents experts sur des questions environnementales. Pourquoi la Ville d’Esch trouve si essentiel d’entendre les habitant.e.s sur leurs problématiques et des solutions à apporter pour une ville plus durable ?

Aujourd’hui, cela demande un effort supplémentaire aux gens et cela représente surtout un surcoût financier si on souhaite vivre dans le respect du climat. Dans le futur, cela devrait être la norme et accessible à tout le monde, et c’est pourquoi je m’y prends au niveau systémique.

Pour donner un exemple concret : nous sommes en train de lancer un projet-pilote de centrales électriques de balcon (petites installations PV pour balcons) avec une offre clé en main et généreusement subsidiée pour en faire profiter un maximum de gens. J’appelle ça la démocratisation de la transition énergétique.

Donc au lieu d’essayer d’éduquer les gens pour leur faire adopter les bons gestes – ce qui n’est pas le rôle d’un politique – nous essayons de les embarquer avec ce genre d’offres très accessibles.

Et pour pouvoir mobiliser les gens, il est important de faire avec les gens, d’où l’importance des formats comme les Assises du Climat, où l’on informe le grand public sur nos priorités et projets en termes d’adaptation au changement climatique, et puis le Forum Citoyen pour le Climat pour échanger sur notre politique climatique.

A côté de ces différents espaces d’échange, est-ce que la Ville d’Esch propose-t-elle déjà aujourd’hui des aides concrètes pour faciliter la transition écologique des habitant.e.s ?

Pour s’attaquer efficacement à la crise climatique, il faut agir à tous les niveaux. Et pour faire avec les gens, c’est au niveau local, donc au niveau d’une commune que cela se joue. C’est pourquoi la Ville d’Esch dispose déjà aujourd’hui d’une panoplie d’aides financières pour faciliter la transition vers un mode de vie plus durable, notamment dans les domaines de la mobilité, de l’économie circulaire et de l’efficacité énergétique.

Pour montrer l’exemple, nous avons plusieurs projets en cours pour desceller différentes places au centre de Esch afin d’y mettre des espaces verts ou des plans d’eau pour mieux répondre au réchauffement de notre ville.

Et comme chaque espace vert compte, nous sommes en train de travailler sur un nouveau subside de « réaménagement écologique » qui permettra aux particuliers de toucher un subside pour des projets de descellement sur leur terrain privé (p.ex. remplacer un jardin de gravier par de la pelouse), des projets de végétalisation (façade/toit), ou pour planter des plantes ou des fleurs indigènes bénéfiques pour la biodiversité.

Quelle est votre vision pour la Ville d’Esch pour son futur développement sur le plan écologique ?

Je suis convaincu que la Ville d’Esch dispose du microcosme parfait de citoyen.ne.s engagé.e.s et d’associations actives dans la transition écologique et sociale pour devenir la Capitale de la Transition du pays ! Grâce aux projets des associations telles que Transition Minett, CIGL Esch, Ensemble Quartiers Esch, Haus vum Vëlo, Esch Biken et bien d’autres.

D’où ma vision aussi de devenir la première ville du pays à atteindre la neutralité carbone, ce qui pour moi rime avec qualité de vie et une réelle plus-value pour tout le monde.

Je pense notamment à des concepts comme la ville des 15 minutes, à un réseau cyclable complet et sécurisé, à l’élargissement de la production d’électricité verte sur notre territoire, à des espaces verts comme lieu d’échange et de rencontre, et toujours en faisant pour et avec les citoyen.ne.s.

Merci M. Sehovic pour cet échange enrichissant !